Ne me demande pas…… Il y a des questions auxquelles il est impossible de répondre. Des questions qu’il conviendrait de garder pour soi.. et trouver la réponse en soi.. Ca s’appelle se remettre en question, non ? C’est un long travail. Silencieux et méditatif.. « Et si je te demande de t’en aller », c’est comme de demander à la personne qui partage ta vie : « J’aime quelqu’un d’autre. Qu’est ce que je fais ? »
On craint d’avoir mal entendu : « Pardon ?? » Nos oreilles se bouchent… Ca bourdonne.
On craint d’avoir mal lu : on se frotte les yeux……. Ca pique. Pardon.
Les mots qui composent ces questions là nous foudroient avec une telle puissance, qu’on se sent à la fois poussière et plumeau, retenant nos propres mots.. pour éviter d’en ajouter au brouillard ?
Pour garder un soupçon de dignité ? Un zest d’énergie pour rester debout ?
On les retient si bien que, quelques heures après, un lumbago nous tombe sur le dos.. On reste debout. Mais courbé.
Courbé comme un point d’interrogation qui n’a pas su se tenir droit pour s’exclamer. Il y a un vide entre le corps et les godasses.. Un trou par où les mots se sont faits la malle.. « Se carapatent en catimini », c’est quand même bien plus joli que : « s’enfuient lâchement »..
Avec toute la meilleure volonté du monde, tout l’amour possible, il y a des questions sans réponse..
Ces questions qui déboulent dans nos vies, déboulonnent les rouages cachés dans nos têtes,
Explosent dans nos fors intérieurs en une seule et unique couleur : celle des pleurs.
Transparents. Invisibles. Indescriptibles. Aucun mot ne sort. Ni des gorges, ni des doigts..
Pétrifiés. Stupéfaits. Laissés dehors. Pas le droit de sortir…….. Ou alors, uniquement, sous forme de hurlement à la lune.
Quand tout le monde dort, et que personne n’entend……
Vouloir encore dire, pourtant.. Parler, expliquer, partager, comprendre, espérer.. Agir, tendre la main et aimer..
Rêver éveillé. Ne rien détruire. Ni rien salir. Ne pas finir… Avoir parlé, expliqué, partagé,
compris et espéré……………………………. Et une question nous met à genoux, sans réponse à apporter..
On se demande qui est la personne qui nous demande ça.. On se demande pourquoi.. On se demande si c’est bien à nous qu’elle s’adresse… On se demande ce qui lui prend.. Pour qui, pour quoi elle nous prend.. Quelle mouche la pique ? Quelle guêpe nous pique ?
Comment elle nous voit ? De quelle dimension est l’étiquette qu’elle a collé sur nous ?
Les mots se coincent dans les gosiers.. On a les boules. A deux doigts de la perdre, la boule..
On se demande tant de choses qu’on en perd les mots pour répondre……. On se tait. Enfin, presque…
C’est pas facile de se taire quand on commence à apprendre à parler.. Retour à la case balbutiements.. C’est aussi peu facile, sûrement, que de retourner derrière les barreaux quand on a goûté à la liberté.. Retour à la case prison. Passe ton tour..
Il y a des jours où, accepter que certaines questions restent sans réponses, c’est plus dur que d’autres..
Il y a des jours où on a envie de hurler à la lune en plein jour…………
Il y a des jours où on se sent comme le dernier représentant d’une espèce vivante sur terre..
Il y a des jours où on ne sait plus relativiser, ni penser aux 7 milliards foulant le même sol que nous et soulevant la même poussière..
Il y a des jours où on voudrait aller se faire voir.. Pour vérifier qu’on y est encore.
Il y a des jours où les crissements du stylo sur le papier ne supplantent pas celui des dents……. Il y a des jours où vraiment, on a envie de dire à l’autre : va voir ailleurs si l’herbe est plus verte.
Et reviens-moi, si d’aventure, l’herbe jaunie par l’eau salée crisse sous tes pas…… Si les fleurs qui poussent dans cette nouvelle prairie ne sont, en définitive, pas si belles que ça..
Mamistou
Et si je vous dmeande d’écrire encore longtemps comme celà ?
C’est magnifique !
J’ai la conviction qu’écrire est la manière de surmonter. Que le bruit du clavier atténue toutes les douleurs, que les mots qui sortent de la douleur soulagent la peine.
Je suis de tout cœur à vos côtés.
Bon… puisque vous me le demandez gentiment, je vous répond 😉
Merci Prof.. Merci beaucoup.
Un trou entre le corps et les godasses… Ou comment des mots qui grincent à hurler peuvent être si riches. Merci Mistou.
Merci à toi, Jean-Mi, d’être venu me chercher……
Bonsoir Mamistou,
à des textes comme le tien, il est difficile de répondre.
Si c’est du vécu, c’est l’horreur.
Et on ne sait pas comment faire sentir sa compassion. (et/ou sa solidarité)
Bises
La réponse, Nanoub, elle pousse en moi.. C’est du vécu. C’est cruel…..
« Le bonheur est un toboggan, sur lequel on se laisse glisser.. Le chagrin, c’est de remonter le toboggan à pied…… »
Je le remonte… Il va me falloir du temps… Bises à toi aussi et merci.