Ne dites jamais… 7

lgjmp72

Je disais l’autre jour que je ne savais pas combien c’était crevant de mourir. Mais c’est ainsi. On a tendance à considérer le coeur comme un simple morceau de barbak – il y a même des gens qui aiment ça, cuit juste à point. Mais non, si le coeur paraît être un muscle comme les autres, il n’empêche que si l’on te coupe une jambe – ou si tu te la coupes toi-même, masochiste que tu es – et les muscles qui vont avec, on peut toujours te la remplacer par une en plastique pour que tu coures les jeux olympiques. Mais niet pour coeur ! Jusqu’à présent, tous les essais pour le remplacer par un coeur en plastoc ont fait flop et l’ex-cardiaque sans coeur – ce qui explique que… sur lequel on a tenté le coup est allé voir ailleurs si les pâquerettes étaient fleuries. Et pour cause, le coeur est le muscle qui fait fonctionner tous les autres, et même le cerveau qui n’est pas un muscle. Bref, lorsqu’il lâche, même si l’on parvient à te le faire repartir, bonjour les dégâts.

Moi, j’ai de la chance, mon coeur a dit basta sur une table d’opération avec plein de médecins autour qui, dès que la machine à faire bip – bip – bip… s’est mise à faire biiiiiiiiiip, me l’on massé avant de m’y planter des aiguilles plus grosses que celles du vaudou – qui ne valent rien pour l’occasion. Le cerveau a toujours été baigné de mon sang, d’où le fait que je sois toujours aussi logique, même mort et ranimé. Mais quelle claque tu prends quand même. Il y a plus d’un mois que je suis sorti du coma et je me traîne comme une chaussette sale dans la chambre d’un ado.

Ouais, c’est vraiment crevant de mourir – j’allais dire de crever, mais c’eut été faire trop plein de logique.

Mais revenons à notre ami Job que j’ai un peu cavalièrement laissé en plan avec son dieu, ses anchois, pardon son choix, et ses pustules. Job tel que l’imaginait notre autre ami Léon Bonnat, génie bien trop méconnu de la peinture à l’huile, dont la toile représentant le sus nommé figure pourtant au Musée d’Orsay, mais dont, j’avoue ma crasse ignorance, j’ignorais précisément l’existence avant de pondre cet oeuf en forme de texte. Job dont le nom arabe, traduit en lettres romaines, se dit ‘ayyoûb ce qui montre, que contrairement à nous et notre romain tardif où Job se dit simplement Job – ce qui par contre ne veut rien dire – les arabes, de même que les israélites savaient que le bonhomme avait aussi des hémorroïdes. Il est vrai que les arabes, ayant inventé le zéro avant tout le monde – même les japonais n’ont pas réussi, n’ayant produit qu’une pale copie du zéro sous formé d’aéroplane – les arabes donc ont presque tout inventé, sauf le kamikaze, celui-ci étant une invention japonaise pour désigner un mec que l’on plaçait dans le zéro – l’avion, évidemment – pour qu’il prenne son pied à se faire péter, massacrant par là-même le plus grand nombre possible de ses contemporains, ce qui fait que l’on ne comprend plus rien à cette histoire, le zéro arabe désignant le plus petit nombre – qui n’est pas un nombre d’ailleurs, puisque zéro plus zéro égale la tête à toto.

Bref, revenons à notre Job. Dieu, par l’intermédiaire de Satan lui colla d’abord un ulcère le pourrissant de la plante du pied au sommet du crâne, que faute de mieux pour se soulager, il se gratta avec un vieux tesson de bouteille et s’assit sur la cendre brûlante du foyer – d’où une variante de son nom en a’ayyaoüb. Il devint si pourri, le corps couvert de vers et d’une croûte terreuse, que même ses potes venus prendre l’apéro ne le reconnurent pas.

Job finit par se révolter contre dieu de toutes les injustices qu’il commet. Injustice envers lui-même d’abord, que dieu afflige de tous les maux alors qu’il l’avait toujours révéré et vénéré, comme il se devait à l’époque :

« Qu’il me laisse, qu’il se retire de moi, et que je respire un peu, avant que je m’en aille, pour ne plus revenir, dans le pays des ténèbres et de l’ombre de la mort, pays d’une obscurité profonde, où règnent l’ombre de la mort et la confusion, et où la lumière est semblable aux ténèbres. »

72plctroncpauvres_1157Injustice envers l’humanité où dieu laisse les pires et même les moins pires des salopiauds vivre dans la joie, le luxe et l’opulence, alors qu’il traine les bon et les gentils dans la boue et toutes les peines du monde d’ailleurs aussi :

« Est-ce à Dieu qu’on donnera de la science, A lui qui gouverne les esprits célestes ?

L’un meurt au sein du bien-être (le méchant), de la paix et du bonheur, les flancs chargés de graisse et la moelle des os remplie de sève ; l’autre meurt, l’amertume dans l’âme (le gentil), sans avoir joui d’aucun bien. Et tous deux se couchent dans la poussière, tous deux deviennent la pâture des vers. »

« Mais sa résolution est arrêtée; qui s’y opposera ? Ce que son âme désire, il l’exécute. Il accomplira donc ses desseins à mon égard, Et il en concevra bien d’autres encore. Voilà pourquoi sa présence m’épouvante ; Quand j’y pense, j’ai peur de lui. »

En dépit de la beauté stylistique de ses plaintes. On le voit clairement, ainsi que je l’ai déjà dit, Job était un sinistre crétin. Plutôt que de se plaindre de tous les maux du monde auprès de l’humanité qui se plaît à faire que les riches soient toujours plus riches aux dépens des pauvres qu’ils exploitent, et du destin (si l’on veut encore croire en quelque chose) qui l’aide à couvrir les pauvres de pustules pestilentiels, ce corniaud de Job se plaint à qui ? Et bien à dieu tout simplement.

Rassurez-vous, j’en ai terminé avec ma logorrhée de gauchiste atavique, mais ça fait du bien parfois. D’ailleurs, personnellement, j’aurais été le dieu de Job, je lui aurais aussi collé des pustules plein la bouche pour m’avoir causé de la sorte ; ou, tiens, un bon arrêt cardiaque et qu’on lui remplace le coeur par un truc en plastique pour voir si cela marche. Et zoust ! Trois petits jours et exit de Job.

Bon, déjà que c’est crevant de mourir, il va falloir que je me la ferme un peu pour aujourd’hui, que sinon c’est moi qui vais tester le coeur artificiel. La suite sera donc pour une autre histoire, et je vous raconterai l’histoire de Chronos et comment qu’il a coupé les couilles à son père Ouranos, le dieu des dieux, pour lui piquer sa place, avant que Zeus ne le détrône à son tour.

A propos jean-michel plouchard

Photographe, infohraphiste, réalisateur, et nanar blogueur à ses heures. Et notoirement adepte du Plouc'art, que je suis loin d'avoir inventé.
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