Que disent les roses dans l’entrelacs de leurs rêves ? Jouent-elles des partitions feintes pour les années de mon jardin ? La vie des sentiments déguste doucement les pétales dans l’assiette du vent. Une sauce pluvieuse vient un temps les faire plier. Et puis ces larmes que Bach dépose pour un dieu auquel je ne crois pas …Les pas de ces fleurs mouillées qui dansent sur la scène toujours nous sourient. Magie d’un cadeau subtil et délicat…Où migrent-elles parfois, les cachotières ? Serait-ce encore des manières, à moins qu’elles ne se détournent de notre insistance à enfermer, à exiler et à détruire depuis des siècles…Les frontières inconnues du rire les offrent douces et piquantes. Et je les aime toutes ou presque… « Plus rares sont les roses…» a écrit un jour Mahmoud*. L’extrême déraison monte partout ici et là. De trop de peu, elle engloutit les îles, les continents, les hommes…Il n’y aurait pas de place entre désert et mer. Cette terre perd la boule assurément. Des murs partout mais surtout dans les têtes… Et nul ne sait où filent les roses quand elles en ont assez.
*Mahmoud Darwish (1942-2008) poète palestinien