J’ai lu il y a quelques jours dans l’Obs que, selon certaines éminences de l’intellectualisme nouveau – si, il y en a, comme pour le beaujolais – il existerait aujourd’hui un « souverainisme de gauche ». Il y a des trucs, comme ça !
Tiens, il n’y a pas si longtemps, on nous inventait des « anars de droite » – ils n’osent quand même pas se dire anarchistes, quoi que – à la manière dont les stalino-communistes des années 70 nous fabriquaient des anarcho-fascistes, ou qu’il y a peu, des sarko-machins inqualifiables nous découvraient des ultra-gauchistes épiciers à Tarnac – un bonne pub pour ce bled d’ailleurs, puisque personne ne le connaissait auparavant, ce qui me fait penser que si l’on parlait de souverainistes de gauche à La Roche sur Bretelle, tout le monde découvrirait l’existence des bretelles de La Roche, ou une chose du genre. Remarquez que si vous situiez les anars de droite entre Passy et Neuilly, cela n’étonnerait pas grand monde – du moins dans celui de ces éminences de l’intellectualisme, sauf si certaines se sont délocalisées dans le bled à Bretelles, ou fourvoyées du côté de Tarnac qui, elles devraient sans doute le savoir, compte, outre une dizaine d’ultra-épiciers gauchistes, environ mille vaches servies sur un plateau. Je remarque d’ailleurs qu’aucun souverainiste de gauche, pas plus qu’un anar de droite ne s’est encore délocalisé à Tarnac, de peur sans doute d’y marcher dans la bouse de l’une de ses mille vaches, ce qui ne sied sans doute pas à leur éminent intellectualisme.
J’ai rien compris, qu’elle dirait ma chatte.
« Evidemment, tu n’as même pas vu que tu lisais le digest de l’intellectualisme moderne à l’envers. » Qu’elle lui répondrait la cigale.
« C’est pas pour dire. » Qu’il ajoute mon neveu révolutionnaire. « Mais qu’est-ce qu’ils peuvent raconter comme conneries, nos éminences intellectuelles ! Souverainiste de gauche ! Pourquoi ne pas nous inventer des anarcho-royalistes, ou nous dire que Poutine, Hollande François, ou notre marine nationale sont marxistes ! »
Et comme je n’ai rien à ajouter, je conseillerais simplement à Shéhérazade de ne pas raconter cette histoire à son sultan, il risquerait d’en devenir maoïste, ou disons plutôt d’en faire une jaunisse – à ne pas confondre avec l’une des génisses de Tarnac.
Ah si, j’oubliais, j’ai quand même un petit truc à ajouter. Depuis quelques mois, on nous fait toute une polémique autour d’un filosofe de gauche, vaguement libertaire pour faire joli, qui ferait aujourd’hui le jeu de l’extrême droite. Personnellement, je n’ai rien à dire de ce filosofe, dont je n’ai jamais réussi à terminer un bouquin, les quelques articles ou interviews de lui que j’ai pu lire suffisant généralement à m’endormir mieux qu’un double xanax bien frappé. Je parlerai donc de manière générale, à la manière, non d’un soldat, mais de la plupart des filosofes.
En effet, chacun ayant visité de près ou de loin Sophia – je ne vous dirai pas laquelle – le sait, lorsqu’un filosofe ne passe pas sa vie à fréquenter les cavernes pour y dénicher des idées, ou à gratter le derrière des choses afin d’en découvrir le noumène, il ne nous dit que très rarement rien d’autre que des banalités dignes d’être entendues au comptoir du café du commerce du coin. Du genre, par exemple, que si tu n’avances pas un pied après avoir avancé l’autre, tu as de grandes chances de faire du sur-place. Ou que deux xanax bien frappés valent mieux que la lecture d’un autre filosofe qui fréquente le café du commerce d’en face.
Bref, chacun sait qu’un filosofe nous est le plus souvent aussi utile qu’une pince à linge à un balayeur. De même que chacun doit savoir qu’un mec de droite, même s’il vient de l’extrême droite pour se garer dans une droite vaguement moins extrême, restera toujours et quoi qu’il arrive un mec de droite – ou une gonse de droite s’il s’agit d’une fille qui fréquente la droite, beurk ! Fille droite qui ferait d’ailleurs mieux de s’occuper des pinces à linge que de politique – mais c’est une autre histoire, n’est-il pas Nadine !
Et chacun sait aussi aujourd’hui que lorsqu’il entend un mec ou une gonse se dire de gauche, il est préférable qu’il se retienne de rire s’il ne veut pas mouiller son pantalon. D’ailleurs, lorsqu’enfin le (ou la) pseudo-gaucher arrive au pouvoir, il ne s’agit plus que d’un (ou une) vieux crétin vermoulu dont les idées ont tout autant trempé dans toutes les magouilles politiques que celle du mec (ou de la gonse) de droite d’en face. Qui plus est, la plupart des vieux crétins de gauche qui nous gouvernent ont commencé à l’extrême gauche avant de finir dans les fauteuils d’une gauche tout juste bonne à faire frémir les vieilles rosières – les cuisinières – et les rombières. Quant aux jeunes crétins de gauche, ils n’ont jamais rien appris d’autre que la magouille politique – de même que les jeunes crétins de droite. Et pour les gonses, qu’elles s’occupent elles aussi… mais c’est encore…
Sachant cela, lorsqu’on me polémique qu’un filosofe sexagénaire de gauche vire à droite, cela m’étonne autant que d’apprendre qu’une pipe sert à fumer le tabac – bien que certaines… mais c’est aussi… Et je me m’étonne pas plus que l’on me parle de souverainsime de gauche que s’il l’on me disait que la souveraineté populaire ne sert qu’à s’assoir dessus – dessus le peuple évidemment, pas son derrière où le noumène n’est utile que pour indiquer l’endroit où il recevra un coup de pied.
Mais ne le dites surtout pas à votre sultan.